Il est entré dans le bar de son très chic hôtel des Champs-Elysées le visage à moitié dissimulé par la capuche relevée de son sweat-shirt, mains dans les poches, démarche chaloupée, visage maussade, ressemblant étonnamment à l'Eminem d'il y a dix ans. Mais lui s'appelle Ben Drew (alias Plan B), il est londonien, a 26 ans, et le single de son deuxième album, She Said, crée en Europe le même buzz que Rehab d'Amy Winehouse il y a trois ans.
La comparaison l'agace un peu, tout comme ce surnom de British Eminem que lui donne la presse anglaise. En fait, ce matin, il est très nerveux à l'idée de croiser le vrai Eminem au cours de la journée dans les studios de Canal +.Si je pouvais, je lui dirais que c'est lui qui m'a ouvert de nouveaux horizons.
Le hip-hop, c'était pour parler de moi [...] mais ma musique, c'est la soul
En 2006, Ben Drew avait enregistré un album de hip-hop, Who Needs Action When You Got Words, qui était passé inaperçu. Mais, curieusement, sa dégaine de petit teigneux avait intéressé le cinéma britannique, qui lui confia de petits rôles de méchant. Le hip-hop, explique-t-il aujourd'hui,c'était pour parler de moi, frimer, ramener ma gueule, mais ma musique, c'est la soul. Alors j'ai dû travailler dur pour maîtriser les règles du hip-hop. C'est pour cela que j'ai choisi comme nom Plan B, la solution alternative si la soul ne fonctionnait pas. Et son deuxième album, The Defamation of Strickland Banks, mêle les deux et révèle une des plus belles voix contemporaines.
Strickland Banks est ici un personnage fictif créé pour l'album, l'alter ego de Ben Drew alias Plan B, comme Slim Shady était celui de Marshall Mathers alias Eminem. Tout cela paraît un peu compliqué, mais Ben Drew, emporté dans un tourbillon médiatique (il est devenu un héros de la presse quotidienne britannique, qui voit en lui le successeur de Pete Doherty), s'en amuse. Du moment qu'on ne me présente pas comme la nouvelle Amy Winehouse...