Ce qui définit le mieux Anne Sila, dans sa personnalité comme dans sa musique, c’est une quête d’intensité. Une certaine façon d’être en éveil, vraiment vivante, vraiment libre, bien présente et incarnée. Alors bien sûr, il sera impossible de la faire rentrer dans des cases trop étroites.
De ses années de classique, elle garde le goût de l’excellence, le travail sur chaque instant de musique, sur le moindre vibrato de la moindre fin de note… Elle écoute Haydn, Bach, le violoncelle (dont elle joue) et le piano d’Alexandre Tharaud. En matière de chanson française, elle a l’exigence de textes personnels, habités, de quelque chose qui fouille l’âme - même quand les mots sont simples. C’est la famille Brel-Ferré-Barbara, prolongée du côté d’Allain Leprest... Plutôt l’héritage Rive Gauche, celui de la discothèque parentale. Dans l’électro, elle est marquée par l’audace, la modernité d’un James Blake. Dans la pop, elle aime la puissance émotionnelle de Tori Amos, ou la simplicité d’un Ed Sheeran. Et dans le jazz, elle adore l’agilité des musiciens, leur façon de pouvoir faire vivre les morceaux d’un concert à l’autre, l'improvisation
Ne jouons pas les surpris. Elle n’est pas la première à trouver son expression à la jonction de plusieurs langages. La France a aimé d’autres brouilleurs de pistes qui s’appellent Legrand, Sheller, Nougaro, Jacques Loussier - ou plus récemment Lhasa de Sela, Yaël Naïm, polyglottes nées, filles d’un temps où le Net explose les frontières culturelles. S’il avait fallu les étiqueter ! La chanson est en pleine santé quand elle se nourrit de tous les ADN, même les plus exotiques. Anne Sila le fera à sa manière, avec les sons de sa génération. Pourquoi cuisiner en s’interdisant tel ou tel ingrédient ?
La note d’intention musicale étant posée, on en vient à se demander d’où vient l’oiseau Sila.
Le père est médecin, d’origine turque, et la mère infirmière. Naissance en 1990. Ils poussent Anne vers la musique, qu’ils aiment sans forcément beaucoup la pratiquer. Années de conservatoire, cours divers… À 18 ans, rencontre précieuse avec un batteur qui l’encourage à tenter des études de jazz. Horizons et scènes diverses. Jazz avec le Magnetic Orchestra, chanson française avec Michèle Bernard ou Gérard Morel, musique du monde avec le groupe vocal Evasion (dont elle remplace les chanteuses pendant leurs congés maternité). Elle jazzifie le répertoire de Barbara, elle s’exerce à composer sur des poèmes de Baudelaire et Victor Hugo.
Venu à Valence pour une master-class, le contrebassiste jazz François Moutin la remarque et l’invite à New-York, où il réside. Elle saisit la chance, s’y envole sans trop savoir ce qu’elle trouvera. Elle vérifie la légendaire énergie de cette ville-challenge, où des inconnus se parlent plus souvent qu’en France, où l’on doit se confronter toujours et puiser dans ses ressources. Pas question de flottement à la surface des jours. Au fil des séjours, elle expérimente la vie des clubs de jazz. Un soir, elle rencontre Ray Angry (qui co-réalise aujourd'hui avec elle son premier album), ils écrivent ensemble de la musique. Elle se charge d’une électricité qu’elle ramène dans ses valises à chaque retour. Et qui reste très présent dans sa musique, clairement transatlantique.
Au printemps 2014, Anne subit une grave agression. Agression dans un contexte très singulier car par l'un de ses proches, pris d'une bouffée délirante. Cet événement attristant stoppe brutalement ses projets. Les cicatrices sont nombreuses. Il faudra apprendre à vivre après un tel déchaînement du destin. Elle ne veut ni cacher la chose, ni s’exprimer dans la rubrique 'Faits diverers'. Résilience, vous avez dit résilience… ?
C’est dans ce contexte qu’arrive la proposition de participer à The Voice. Elle n’aurait surement pas accepté avant, par peur d’être prisonnière d’un système. Mais elle explique avoir 'besoin de quelque chose d'improbable' pour se remettre de ce qu'elle vient de vivre. Elle se laisse convaincre, et ne regrette pas. Son coach Florent Pagny (dont elle parle encore avec beaucoup d'admiration) l'accompagne, la soutient avec chaleur et bienveillance. Quelque mois après sa douloureuse histoire, Anne Sila se retrouve en finale. La qualité d’accueil des artistes la fait revenir sur ses préjugés. Elle peut 'prendre la main' pour défendre ses choix de chansons sur l’émission.
Comme quoi, quand on vient là avec de la personnalité et de la conviction, tout est possible.
Tout est possible, en effet, pour Anne Sila. Et désormais, le monde tourne avec elle, les Océanes de la Radio ce 4 juin 2016 aussi. Quelle belle chance pour ce plateau géant FM qui attire chaque année plus de 10 000 spectateurs ! FGL le sait et vous également...
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